Rappel
La recherche agronomique à partir des années 50, fondée sur une conception économique, a visé principalement une amélioration de la composante chimique de la fertilité. Ainsi, dans les pays du Sud, Afrique notamment, les gouvernants ont prôné l’emploi massif des engrais minéraux pour améliorer de façon significative les rendements.
Dans les années 70, dans ces pays du Sud, la crise énergétique, l’acidification des sols, la dégradation pluviométrique, vont remettre en cause ce type de gestion de la fertilité en recherchant une économie maximum d’engrais fondée entre autres sur une valorisation des intrants locaux dont la matière organique (MO). La valorisation des résidus de récolte et l’intégration agriculture-élevage alors fortement encouragées, participaient de cette économie d’engrais.
A partir des années 90, la prise en compte par les Etats de la préservation de l’environnement, va opérer un changement radical dans l’approche des agro systèmes en ce qui concerne :
- l’importance du sol qui est considéré (en fait réaffirmé) comme partie intégrante et vitale de la biosphère
- l’objectif à atteindre qui n’est plus la « maximisation » du rendement, mais son « optimisation » qui prend en compte la quantité et la qualité des récoltes, et la protection de l’environnement
Les acquis de la Recherche agronomique sur la gestion des MO et la maîtrise de l'azote (notamment la réduction des pertes de N) dès les années 70, ont pu être très rapidement mis en cohérence et valorisés au profit de cette nouvelle approche pour une agriculture durable respectueuse de l’environnement.
Nous entendons par matière organique celle qui entre dans le sol (fumures et amendements), en abrégé MOA, et celle qui constitue l'humus du sol plus généralement appelée matière organique des sols, en abrégé MOS.
Introduction
La matière organique du sol (MOS) remplit de nombreuses fonctions en faveur des cultures, la fonction nutritionnelle en premier, mais d’autres également, potentiellement importantes dans le cadre d’une intensification écologique , telles que la structure du sol.
On sait que la nutrition minérale, azotée et hydrique des plantes est sous la dépendance étroite d’un pool organique, la MOS, mobilisable par l’activité biologique du sol (minéralisation) et par l’activité rhizosphérique. Le pool organique du sol alimente donc le réservoir d’éléments nutritifs du sol, et le système racinaire délimite (intercepte) la fraction de ce réservoir qui sera utilisable par la plante.
Le système racinaire de par ses caractéristiques de cinétique, de croissance, de biomasse (y compris celle des exsudats), de profondeur et d’activité rhizosphérique, est aussi important pour la nutrition minérale de la plante que le pool organique, car il conditionne l’absorption. Il en résulte que le pool organique du sol (le réservoir) et le système racinaire (l'absorption) sont deux variables pertinentes de l’intensification agricole, en forte interaction.
Pour réaliser la fumure organique et l'entretien de la MOS au sein d'un système de culture, un éventail de pratiques est envisageable, telles que agroforesterie, jachère, fumure par des MO non transformées ou transformées par l’animal ou par compostage.
On sait que la qualité de la MO (essentiellement sa composition biochimique) est un facteur prépondérant de son efficacité agronomique. Pour de nombreuses MO (par exemple résidus de récoltes, fumiers et déchets urbains) la transformation par compostage est nécessaire pour en améliorer la qualité.
Les deux présentations de ce cours font le point sur ces deux sujets : les effets de la MO apportée au sol et les modes de transfrormation de la MO (avant apport au sol).
Objectifs
- Préciser, clarifier le vocabulaire nécessaire à la compréhension des différents cours
- Rappeler « Les Fonctions et effets de la MO apportée au sol » et « Les procédés de transformation par méthanisation et compostage » en se référant dans la mesure du possible aux informations expérimentales acquises dans les domaines concernés
- Souligner l’intérêt agronomique et l’impact environnemental de la gestion des MO