En rapport avec le cours de Francis Ganry, sur le thème « La matière organique peut-elle être une solution de remplacement de l’engrais minéral ? »
La réponse à cette question n’est possible que si l’on précise l’échelle prise en compte : champ cultivé, bassin versant, exploitation agricole ou pays.
Il convient de distinguer les restitutions organiques et minérales dues à la culture en place, des apports exogènes qui réalisent en fait un transfert de fertilité. L'avantage des premières en système cultural amélioré est de freiner la baisse du niveau de fertilité alors que les secondes (exogènes) sont susceptibles d'enrichir le capital fertilité - du moins de le maintenir - mais à des degrés différents selon les dimensions de l'unité de production à laquelle on s'adresse :
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Le champ :
Le champ est le support du système de culture. La continuité d'un système de culture engendre un agrosystème désigné ainsi par analogie avec l'écosystème sous végétation naturelle. A l'échelon d'une exploitation, on peut fertiliser un champ par des matières organiques provenant de cette exploitation mais toujours aux dépens d'une autre surface productive. De ce fait, la surface exploitée est inférieure à la surface productive. Au niveau de l'agrosystème, l'animal est perçu comme une étape dans le recyclage des résidus de récolte -
Le bassin versant :
Ce terme désigne en géomorphologie un ensemble de sols en pente qu'on peut distinguer selon leur position topographique :- Le plateau
- Le sommet de la pente
- Le bas de la pente
- La dépression
Ces sols sont soumis à deux processus : l'érosion et le lessivage oblique opérant ainsi un transfert de fertilité du plateau vers la dépression. Un autre transfert de fertilité peut être dû aux animaux dont le parcage a lieu dans la dépression.
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L'exploitation :
L’exploitation est le lieu de réalisation du système de production. Les résidus de transformation des produits agricoles (rizeries, décortiqueries), les composts urbains et les produits forestiers, peuvent contribuer à maintenir la fertilité d'une exploitation, mais, même disponibles, ils seraient insuffisants en système amélioré -
Le pays :
D'une façon générale, sans apports exogènes à l'unité de production considérée, les seuls produits de l'unité ne peuvent obvier aux déséquilibres minéraux apparus ou apparaissant (hormis peut-être les pays chauds forestiers). C'est ainsi qu'à l'échelle d'un pays comme le Sénégal on peut calculer grossièrement, ce que représentent les déperditions en éléments minéraux, en estimant la production végétale moyenne annuelle à 850 000 t d'arachide et 900 000 t de céréales (équivalent mil).
En supposant que la situation actuelle est au mieux, à mi-restitution, c'est de l'ordre de 200 000t d'engrais et 25 000 t de chaux qui sont chaque année prélevées du patrimoine foncier.
Même une gestion des ressources en matière organique du pays ne pourrait éviter ces déperditions et empêcher le bilan minéral de devenir négatif.